Alors cette finale...
Pas de souci pour avoir de places à l'époque, car j'étais membre d'un groupe de supporters. Arrivé sur Guingamp dans la matinée, je commence par dévaliser la maison de la presse. Mention spéciale à L'Equipe en breton et l'Equipe magazine où plusieurs potes étaient en photos suite au dép mémorable à Toulouse.
Puis tout le monde converge vers la gare, une grosse masse de gens à attendre sous le cagnard et les consignes de Bernard Cartier, toujours aussi allumé mais de bonne humeur. Enfin le moment d'entrer dans le train... Notre groupe avait du avoir une centaine de places, mais tout le monde voulait vivre le trajet ensemble... Tout le monde s'entasse donc dans le même wagon, la binouze coule à flots, l'atmosphère monte crescendo ainsi que la température, a 30 minutes de Paris, une bonne partie du wagon est torse poil, même les filles sont proches d'enlever le haut ! Le seul contrôleur qui tente de passer gardera, je pense, un souvenir impérissable.
On arrive à Paris, l'excitation est immense et on suffoque vraiment dans le train, ca transpire à grosses gouttes, et sur le quai de Montparnasse, les boeufs sont enfin lâchés... Et c'est là que me vient le plus grand souvenir de cette finale, bien avant le coup d'envoi et les 2 buts d'Eduardo, c'est cet incroyable envahissement de Montparnasse, cette marée humaine qui envahit les quais, devant les caméras de BFM TV qui n'attendaient que ca, devant les parisiens médusés et certains touristes paniqués. Le bruit, la foule qui jaillit des quais, la fumée épaisse et le bruit répété des bocks de bières qui ricochent sur le béton. Mais surtout l'énorme résonnance des chants dans le hall de la gare. Je grimpe sur une borne SNCF pour filmer la scène "d'en haut", c'est juste incroyable.
Ca se calme un peu à la sortie de la gare, mais très vite, l'envahissement gagne le métro. on est 3-4 à guider le groupe et tous les sympathisants, et bien sûr on se plante. Ca nous vaut une traversée aller-retour du tunnel de Montparnasse ou des fumigènes sont rallumés, hallucinant. Arrivés dans le métro, là aussi ca s'entasse, un vrai transport de bétail aviné qui va traverser la capitale. A chaque station, les portes s'ouvrent et tout le monde beugle, les parisiens n'osent pas entrer, et d'autres préfèrent carrément sortir. On est chez nous !
Sortie au stade de France, et là ca se calme un peu. Enfin, quelques échauffourées avec des Rennais qui cherchent des noises, mais globalement tout le monde se disperse aux alentours du SDF, moment de répit...
Finalement, on est quelques un à entrer au stade assez tôt pour préparer une partie du matos, mais ceux qui étaient là le matin avaient déjà tout fait... Alors commence une longue et interminable attente devant la Gambardella. J'ai vécu la finale bizarrement, avec beaucoup de nervosité : L'échauffement, les animations, l'hymne, tout ca était sympa, mais j'avais juste hâte que le match commence, l'avant-match m'a paru une éternité.
Puis le match commence, l'ambiance est bonne mais l'effet étrange, les chants décalés sur toute la largeur de la tribune, et surtout de notre côté beaucoup de gens visiblement pas si habitués à ca. Je m'attendais beaucoup à une "claque" sonore et j'étais déçu. On est 3 ou 4 assis sur la rambarde à guider les chants et cette fameuse rambarde en plexi nous explose le cul, même avec nos sweats en guise de coussin ! lol
Ajoute a ca un stadier qui vient nous emmerder pour qu'on en descende, à plusieurs reprises. Le ton monte et le type se fait menacant en indiquant qu'il aura aucun problème à nous foutre dehors si il en a envie. Bref, je me souviens que j'ai passé la mi-temps et le début de la seconde à faire la gueule et à stresser "dans ma bulle".
Et puis la fin de match approche mine de rien, et voilà le but Rennais. Je suis pas surpris, car je ne nous voyais pas gagner, mais loin d'être abattu vu les revirements dont on a été capable précédemment. C'est peut-être même là que je commence à y croire. Quand Guingamp égalise, je me dis que c'est bon, on les a tués mentalement, on va gagner. Et puis le 2ème but, j'ai encore l'image en tête, j'ai l'impression de l'avoir vécu au ralenti, en voyant Eduardo se placer et attendre le ballon, je me suis dit, elle est pour lui, elle va au fond obligé...
2-1 l'explosion... Et dans les minutes qui suivent c'est juste l'émotion pure, les quelques minutes avant la fin du match nous laissent pleinement le temps de tout réaliser : on va gagner la coupe de France de la plus belle des manières, face à notre rival et avec une division 2 moins, en 5 minutes, on réalise qu'on efface tout les mauvais souvenirs des 15-20 denrières années : la descente en L2 ? Effacée ! Le 6-1 des Rennais ? Effacé ? La défaite de 1997 ? Effacée ! On réalise surtout qu'on vit là un moment qu'on ne connaîtra peut-être plus jamais... (Et pourtant... lol)? Un paquet de monde ont les larmes aux yeux, même des "bonhommes", on se congratule, on se serre, on vibre une dernière fois puis c'est la délivrance....
Après ca, c'est une célébration apaisée, juste du bonheur pur. Un long moment en tribune à regarder le cérémonial d'après match, et bien sûr le "We are the champions" que j'aurais jamais imaginé chanter pour Guingamp... Le retour fut lui aussi interminable, l'attente au SDF, l'attente à Montparnasse, le trajet... mais je crois que j'étais pas le seul à ressentir une énorme soulagement et bien-être, un peu comme si on avait tous tirés sur le même pétard collectif. Guingampais et Rennais se croisent, mais globalement aucune chambre, les Guingampais restent hyper classes et les Rennais ne la ramènent vraiment pas. C'est grisant.
Dans le train du retour une rumeur insistante a circulé : celle qu'en cas de victoire, les joueurs Guingampais auraient rallié le stade depuis la mairie en tracteurs ! Malheuresement ce ne fut pas le cas, mais sûrement l'occasion de se rattraper cette année si on l'emporte.
Enfin bref, ces souvenirs sont énormes, mais pour moi (et je sais que c'est pareil pour d'autres), ca reste en dessous de ce qu'on a connu à Toulouse en demi-finale.
Et même si ces souvenirs sont énormes et que j'aurais manqué cette finale pour rien au monde, j'ai choisi de ne pas y aller cette année. Bon j'avais un petit empêchement que j'aurais sans doute pu faire sauter, mais c'est bizarre, cette finale ne m'attire pas pour plusieurs raisons :
Notre parcours d'abord, à part le match à Concarneau et l'incroyable demi contre Monaco, on a pas vraiment vibré et le mérite est nettement moindre qu'en 2009. La répétition. Comme je l'ai dit plus haut, je croyais vivre un moment unique en 2009, et finalement l'histoire se répète assez vite, ca n'a pas la même saveur que notre "tout premier titre" La peur d'effacer le souvenir de 2009. Tout est possible le 3 mai, mais je me dis que la loose Rennaise doit bien s'achever un jour, et j'ai pas spécialement envie d'assister à ca.
|
|