Source Ouest France du 10/02/16 : Cet été, le passage d’une herbe classique à un gazon hybride a permis au stade du Roudourou de faire partie des enceintes réputées pour sa pelouse. Une révolution à Guingamp.
Réputé pour sa capacité à créer la polémique, le chroniqueur le plus célèbre du football français, Pierre Ménès, est resté fidèle à sa ligne de conduite, il y a dix jours : « La pelouse à d’Ornano. Sérieux… » Quand une internaute lui répond qu’il faudrait demander aux propriétaires du Paris-Saint-Germain de financer le remplacement du gazon caennais bien abîmé, le salarié de Canal + lui rétorque : « Ou au jardinier de Guingamp. »
Le Roudourou loué pour la qualité de sa pelouse, qui l’eût cru il y a encore une dizaine de mois ? Jusqu’à la saison dernière, à la moindre averse, l’herbe du plus grand stade des Côtes-d’Armor devenait l’ennemi de tous les joueurs de Ligue 1 dotés de qualités techniques. La pelouse était martyrisée au contact des crampons, des mottes de terre sautaient à chaque tacle et les faux rebonds occasionnaient pléthore de contrôles ratés.
Une pelouse hybride
Cet hiver, la pelouse de cette même enceinte a parfaitement résisté à l’enchaînement des matches, au cœur de la période de froid, mi-janvier. Les fortes pluies de ces dernières semaines n’ont pas empêché d’assister à des actions de qualité. Pourtant, les deux jardiniers en charge des trois terrains de l’équipe professionnelle sont toujours les mêmes. Ils bénéficient « simplement » d’une nouvelle pelouse.
Ce gazon dernier cri a coûté la coquette somme de 1,34 million d’euros, intégralement financée par EAG. Le prix habituellement versé pour faire venir un bon joueur de Ligue 1, mais le tarif nécessaire pour bénéficier d’une pelouse hybride comme celle que l’on retrouve sur les 2/3 des terrains du championnat anglais ou sur la pelouse du Parc des Princes. Au moment de lancer le chantier, Bertrand Desplat, le président d’En Avant, rappelait l’importance « d’être capables d’offrir du beau jeu à domicile ».
Meilleur drainage et luminothérapie
« Dans le football moderne, les erreurs liées à la surface de jeu sont de moins en moins acceptées », abonde Jean-Claude Sparfel, fondateur de la société éponyme, lauréate en juin 2014 de l’appel d’offres pour l’entretien de la pelouse guingampaise. C’est d’ailleurs pour cette raison que le choix du club s’est porté sur la formule Desso GrassMaster. « C’est la référence. Avec elle, on se rapproche de l’excellence », assure l’entrepreneur breton.
L’herbe reste naturelle, mais bénéficie du renfort de touffes de fibre synthétique, tous les 2 cm2. En dessous, le mélange de terre et de sable a laissé place à une solution simplement sableuse. « La combinaison de ces deux éléments favorise le drainage de la pelouse », explique Emmanuel Bessong, le jardinier mis à disposition du club par Sparfel. Résultat : le gazon respire mieux et bénéficie d’un meilleur enracinement.
"Relever chaque brin d'herbe"
Autre gain technique considérable, l’achat d’une machine de luminothérapie. Elle permet de lutter contre les zones d’ombre dues au toit. Avec le mauvais drainage, elles causaient le fléau de la pelouse boueuse. La nouvelle réussite guingampaise ne se limite pas à ça, il convient d’y ajouter le travail de précision et d’anticipation des jardiniers : « Après le coup de sifflet final, nous passons 2 h à relever chaque brin d’herbe et à enlever les déchets laissés par les crampons. Ainsi, on diminue les risques de maladie ou de déficit en gazon. »
Maintenant qu’il propose une pelouse de qualité, le responsable des jardiniers d’En Avant savoure : « En nous faisant confiance et en investissant dans du matériel haut de gamme, on s’est donné les moyens d’en arriver là. » Là, c’est juste derrière le PSG et ses riches propriétaires, au second rang du classement des pelouses. Très loin du bonnet d’âne avec lequel Guingamp avait achevé la saison 2013-2014.
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